24 décembre 2008

Merci!!!



Joyeuses fêtes...

Photo faite le 13 décembre 2008


Combien de fois entend-on des phrases machinales, pour demander comment se porte quelqu'un, ou pour souhaiter une bonne journée, ou seulement pour dire bonjour? Et qui d'entre nous ne se laisse pas aller ne serait-ce qu'une fois à prononcer ce genre de phrases "sans trop y penser", ou simplement "parce qu'on n'a pas le temps"? Eh bien, j'aime bien croire qu'en ces périodes un peu particulières, il y a tout de même quelques phrases que l'on ne dit pas sans y penser. Ces expressions, comme "bonnes fêtes!" ou "joyeux Noël!" ne sont pas prononcées en toutes les occasions et par tout le monde aussi profondément que je pourrais les recevoir, certes, mais peu importe. De toute façon, les gens prononcent ces mots, autant les prendre avec bon accueil.

Car oui, il y a des personnes qui donnent tous leurs bons voeux à la pelle, sans plus y penser, tant ils disent ces paroles à longueur de journée. Alors j'accueille ceci avec sourire, peut-être aurai-je droit à un peu plus d'humanité en retour juste après le fameux "vous avez la Cumulus?"... Peut-être. Et peut-être cette personne-là sera tout à fait charmante, je ne fais aucune généralité, bien loin de là. Mais en tout cas, une chose est sûre, il y aura aussi d'autres personnes qui, lorsqu'elles prononcent leurs souhaits pour nous, le pensent vraiment, du plus profond de leur coeur, de leur âme. Et c'est ce qui me plaît dans cette période: c'est une période qui touche l'âme des gens un peu plus profondément que d'habitude.

Alors voilà où je veux en venir: je vous remercie mes ami(e)s pour tous vos voeux si sincères et profonds les uns que les autres, et surtout, je vous remercie pour tous ces magnifiques moments passés et partagés avec chacun de vous. Que ce soit ici en Suisse, ou ailleurs, à Fribourg, à St-Aubin, au Vully, au Jura, lors de fêtes, ou lors de simples promenades, de concerts (où nous avons été tantôt spectateurs, tantôt acteurs), de rencontres ou de découvertes, d'anniversaires, et je pourrais continuer la liste encore très longtemps, dans tous ces lieux, tous ces moments, toutes ces occasions aussi uniques que vous, vous m'avez accompagné. Parfois à plusieurs, parfois seul(e)s, parfois en couple. Et chaque fois, il y a eu de mauvais moments, et surtout de très beaux. Et pourquoi ne fait-on pas de photos "moches", on recherche toujours quelque chose de beau? Parce que les photos, ce sont aussi des souvenirs. Et on garde les bons souvenirs, pas le reste. Même de ce qui appartient aux mauvais moments, nous avons su en tirer les leçons, nous avons appris ce qu'il faut éviter de faire, ou justement ce qu'il faut faire.

J'aimerais vous écrire à toutes et tous pour vous faire un bilan de chaque image qui me revient en tête en ce moment. Chaque image est accompagnée d'un de vos visages, certains reviennent souvent, d'autres moins mais l'émotion en est d'autant plus intense. C'est ce que je retiens de cette année, mes ami(e)s lecteurs et lectrices, vous ne m'avez jamais laissé me sentir seul, vous m'avez accompagné quoiqu'il arrive. Et vous m'avez aussi laissé vous accompagner quand il y en avait besoin, vous m'avez accordé votre confiance. Et ensemble, nous sommes tous arrivés, entiers, à ce Noël où pour beaucoup, les cadeaux vont s'amonceler dans vos chambres, vos appartements. Je vous souhaite simplement de garder aussi une petite place dans vos coeurs pour recevoir ces quelques cadeaux que la vie nous offre. La confiance de quelqu'un dont on se sent proche, de quelqu'un qu'on aime et qui nous aime; une relation d'amitié qui vient de naître; une oreille attentive même à une heure du matin; un voeu de Bonheur, pas si anondin qu'il n'y paraît; un sourire, un clin d'oeil d'un ami; le regard complice d'une amie; les yeux émerveillés d'un enfant; la malice d'un vieillard; les souvenirs qui reviennent lorsque vous retrouvez votre banc; et tout ce qui pourrait vous faire sourire, vous rendre un peu de paix et de baume à l'âme et au coeur, tout ceci est si précieux, prenons-en bien soin, faisons-en provision pour les longues journées d'hiver qui nous attendent encore, ou pour ces jours où nous avons presque l'impression d'être seul(e), pensons à tous ces moments, et rappelons-nous que la réalité est toute autre: nous avons toujours entouré, et été entouré par quelqu'un qui nous aimait, nous aime et sûrement nous aimera encore, et que nous continuerons toujours d'aimer.

Ce que j'entends aussi parfois, en disant "bonnes fêtes", c'est aussi tous mes voeux pour l'an neuf, 2009 si on péfère. C'est très difficile de souhaiter quelque chose à quelqu'un pour ce genre d'occasions, si on veut le faire comme on le ressent. Soit on en fait trop, et la personne n'écoute plus, et ça n'apporte pas grand chose, soit on en fait trop peu et ça paraît banal. Alors que plus au fond, ce n'est pas ainsi que cela se passe... Alors tout ce que j'aimerais vous souhaiter pour cette année qui s'approche (car oui, pour moi c'est une fête de début d'année...) se résume en ceci: dégustez cette année et chacun de ses moments privilégiés pour pouvoir vous dire, à la même période que maintenant, dans un an, "j'ai gagné une année dans ma vie. J'en garde de très bons souvenirs, et un tas d'expériences et de rencontres enrichissantes." Si vous pouvez vous dire ceci déjà en ce moment, vous me voyez comblé, et je n'ai qu'à vous souhaiter d'avoir une année de belle vie en plus à votre actif, une de plus à toutes celles déjà traversées. Et si vous ne pouvez pas vous le dire cette année, tant votre année 2008 a été pénible, pensez que rien n'est immuable, absolument rien, pas même ce que l'on a mis soi-même en place, et je vous souhaite de tout coeur que cette année soit porteuse d'espoir et de récompenses.

Et que chacun puisse dire librement sans rancune ni arrière-goût déagréable, dans une année, que cette année lui aura apporté quelque chose de constructif, de bénéfique. Voilà mon souhait le plus cher quant à vous, vous mes amies, vous mes amis, vous ma famille, mes connaissances, et vous tous les gens que je me réjouis d'encore rencontrer, vous toutes et tous, que j'aime du plus profond de mon petit coeur!

Vivez heureux!

29 novembre 2008

Aux amis


Connaître, ou se connaître?

Photo faite le 27 novembre 08, à Villarepos


C'est grâce à ma maman que je publie cette photo du mois-ci, et pas une autre. Cette photo l'a tant émerveillée, presque étonnée: elle m'a demandé si elle venait vraiment de moi... J'ai adoré la voir rêver devant une de mes images, surtout en voyant qu'en fait elle a découvert ce jour-là ce que je faisais de mon appareil. C'était juste un cadeau, qui m'a fait comprendre quelques choses que j'aimerais vous partager.

Comme bien des gens le seraient, j'étais d'abord très content et fier du compliment qu'elle me faisait, de me parler de tout ce qu'elle imaginait avec cette vieille maison. Et puis, j'ai ressenti très vite une sorte de mélancolie à l'idée qu'elle n'avait jamais vraiment remarqué ce que je faisais comme photos. J'ai ressenti ce moment comme si elle ne me connaissait pas vraiment, en fait. Et puis je me suis demandé, au fond, qu'est-ce que cela peut-il bien signifier, connaître quelqu'un?

Est-ce que connaître quelqu'un, c'est tout savoir de sa vie, de ses occupations, de ses loisirs, de ses faits et gestes? Est-ce plutôt connaître toutes ses préoccupations, tous ses soucis, ses goûts, ses envies, ses sentiments à chaque instant? Est-ce que connaître quelqu'un, c'est encore autre chose, comme savoir toute son histoire, savoir quoi dire quand quelque chose ne va pas, ou seulement voir que quelque chose ne va pas, ou est-ce simplement être la personne vers qui ce quelqu'un se tournera lorsqu'il aura envie de partager une joie ou un souci?

On pourrait se dire que ce n'est pas seulement une seule de ces qualités que j'ai évoquées, mais plutôt en quelque sorte un mélange de toutes. C'est vrai, connaître quelqu'un c'est faire preuve à chaque instant d'une part de toute la liste que j'ai énumérée, et elle est loin d'être exhaustive. Et il est vrai aussi que c'est vraiment agréable, d'avoir quelqu'un qui nous connaît de cette (ces) manière(s). Il est tellement facile alors de partager de véritables moments, de véritables discussions avec cette personne pas comme les autres, avec qui on vit cette jolie complicité. Mais au fond, si se connaître est un bon "prérequis" pour avoir ce genre de relation, est-il nécessaire pour autant?

Je me dis que peu importe, tout compte fait. Oui, qu'importe le fait que l'on sache parfaitement toute l'histoire d'une personne. Cela peut aider à comprendre certaines choses, mais ce n'est pas un "prérequis" pour aimer cette personne. Je sais que ma maman m'aime sincèrement, et pourtant, elle ne sait pas vraiment ce que je fais de mes photos, ni même franchement de ma vie. Si je prends ma liste plus haut, ma maman ne me connaît presque pas. Est-ce vrai? J'en doute. Elle me comprend mieux que personne, elle m'écoute lorsque j'en ai envie ou besoin, et elle est simplement là, physiquement ou pas, elle existe dans ma vie. Et cela, simplement par amour maternel, certes, mais par amour quand même.

J'aime vraiment toutes les personnes qui m'entourent, tous mes amis, ma famille, mes proches, tous ceux qui savent qu'en écrivant ceci, je pense à elles et eux. C'est le message qu'un certain monsieur a essayé de faire passer il y a un moment déjà: "aimons-nous!" Cela suffit amplement. Il n'y a nul besoin de confidences ultra importantes, ni même de se dire tout ce qu'il y a de plus intime. Simplement se respecter mutuellement, et cela nous aidera à nous aimer sincèrement. Et peut-être s'ouvrir à l'Autre, et apprendre à le connaître, très gentiment, calmement, en appréciant chaque parole de sa part comme un cadeau, à chaque fois.

Merci les ami(e)s, merci mami.

24 octobre 2008

Vivre soi.


"Vivre" seul.

Photo faite le 12 octobre 08, près de Domdidier


C'est le but passager de quelques-uns d'entre nous, pour d'autres c'est un véritable choix de vie. Et pour beaucoup, c'est simplement un moment agréable, que l'on ne recherche pas forcément, mais qui nous fait tout de même du bien quand nous le vivons. Je parle de ces petits moments que l'on passe avec soi-même, et avec pour seul compagnon son esprit, avec qui nous dialoguons en silence. Il y en a qui n'aiment pas ces moments-là, pour d'autres ce sont de véritables moments privilégiés.

Vivre seul pose problème, parce que pour beaucoup, cela signifie vivre sans l'Autre. Par l'Autre, j'entends toutes les personnes qui nous entourent, qui nous apportent d'une manière ou d'une autre un bien-être plus ou moins profond. Vivre des moments seul, c'est pour certains aussi vivre en solitaire. Pour d'autres personnes encore, c'est se sentir abandonné, comme si le monde qui nous accompagnait il y a encore peu nous laissait à nu, au milieu de nulle part. Certains angoissent en entendant ces mots car ils s'imaginent une vie de célibataire, vie qui serait alors dénuée de sens et de but...

Si vivre seul peut angoisser certains, pour d'autres c'est une véritable aide. Car celui qui sait vivre seul, celui qui n'éprouve pas le besoin de sentir la présence de quelqu'un à ses côtés pour être rassuré, approche de la liberté. Car il apprendra au fil du temps et des expériences à puiser dans ses propres ressources, il saura ce qui lui apporte le bien-être, il saura s'écouter, simplement. Et cela ne signifie pas être coupé du monde extérieur, cela signifie plutôt aller y puiser et y apporter juste ce que l'on peut, ni plus, ni moins. C'est en acquérant ce détachement dont tant de philosophes asiatiques parlent, que l'on peut accéder à son soi réel et profond. Cette connaissance de soi est libératrice, elle permet de vivre en harmonie avec soi-même et le monde qui nous entoure.

Et puis cet accord avec soi-même, ce refus du mensonge, permet de vivre des rencontres authentiques, libérées de toute hypocrisie. C'est ce qui me semble un des pires fléaux, cette hypocrisie. On a souvent dit: "souris, on te le rendra". Je pense que cette phrase peut métaphoriser la sincérité: il suffirait d'être franc, vrai, et la personne nous répondra avec le même état d'esprit. Alors vous trouverez certainement tout ceci très naïf. Eh bien je vous répondrai que je n'en ai rien à faire.

La naïveté permet à mon avis d'apprécier les choses, les gens et les événements comme j'ai envie de les vivre. Epictète disait: "ce qui trouble les Hommes, ce ne sont pas les choses, ce sont les jugements qu'ils portent sur les choses". Si mon jugement est libre de tout préjugé, ou même d'idées négatives à l'encontre de mon interlocuteur, je ne pourrai que le considérer positivement. Cela semble naturel pour certains, ils n'y réfléchissent même pas. Pour d'autres, c'est un effort conscient. Mais le résultat est toujours le même: en respectant et en cherchant toutes les qualités de la personne avec qui je converse, j'en trouverai immanquablement. Et cette personne me respectera à son tour, et on pourra entrer dans une nouvelle et agréable relation de confiance réciproque. Et puis, en principe, lorsqu'un vrai sourire est adressé, on y trouve toujours une réponse...

Si vivre seul permettait tout ceci, si vivre avec l'esprit libéré du jugement d'autrui, en sachant ce que nous sommes, si vivre ainsi libéré des contraintes quotidiennes permettait d'être mieux, pourquoi sommes-nous si nombreux à continuer à nous demander ce qui ne va pas? Des amis, des proches, peut-être soi-même, nous connaissons probablement tous cette question un jour ou l'autre: quel est le but de ma vie? Et quelques-uns dépriment en ne trouvant aucune réponse.

Alors je me demande si il ne serait pas plus simple et plus sain de se dire que l'on n'a pas besoin d'un sens, on n'a pas besoin de comprendre sa vie, pour être bien avec soi-même. On n'a pas besoin de savoir ce que les autres vont penser de telle ou telle action. C'est sans aucun doute parfaitement inutile et subjectif. On n'a pas besoin de savoir l'Autre tout près, de savoir qu'il pense à nous. C'est peut-être un petit plus, qui amène un rayon de soleil. Mais ce n'est pas cet Autre, le soleil. Pour savoir où trouver ce soleil, il suffit d'ouvrir son regard, d'être attentif à l'Autre en ayant pleine conscience de soi. C'est à travers ce regard inconditionnellement aimant que la lumière émergera.

21 septembre 2008

Silence


L'arbre qui tombe fait-il du bruit, si personne n'est là pour l'entendre?

Photo du 19 septembre 08, bois de Pérolles (Fribourg)


Le silence. Qu'est-ce que c'est? Difficile à dire, on peut tout au plus dire ce que ce n'est pas. Ce n'est en tout cas pas le vacarme d'une discothèque, le vrombissement assourdissant de la ville, ni même le chant mélodieux d'un oiseau. Peut-on dire, lorsque l'on n'écoute rien, que l'on entend le silence? Peut-on, au contraire, écouter le silence? Je répondrais par la négative sans trop hésiter à la première question. Mais peut-on réellement écouter le silence? Et quel silence? Le silence est-il juste une absence totale de bruit, quel qu'il soit? A ce moment-là, notre simple respiration rendrait l'exercice de l'écouter impossible.

J'aimerais concevoir une autre dimension du silence. J'aimerais le définir plutôt par un calme, une sérénité si profonde que quel que soit le bruit physique qui nous entoure, peu importe. Je parle ici de ces moments où on n'est attentif à rien en particulier, et en même temps on est à l'écoute de tout. Comme si la forêt, la chambre, l'océan... le milieu dans lequel on est auraient pris possession de notre corps tout entier, comme si on en faisait partie intégrante. Pour arriver à ce stade-là, et grâce à cet état de légèreté envoûtante, nous arrivons enfin à un calme, une paix intérieure nous permettant d'être réceptif à la beauté du monde. Bien sûr, nul n'est besoin de méditer pour la percevoir, cette beauté. Mais grâce à cette nouvelle vision, on entre dans la profondeur des choses. C'est de ce silence-là, plus intérieur qu'extérieur, dont j'aimerais parler aujourd'hui, celui qui nous permet d'accéder à ce qui ne nous apparaît jamais autrement.

Lorsque l'arbre tombe, dans la forêt, mais que personne n'est là au même instant, fait-il tout de même du bruit? Comment en être sûr? On fait confiance, bien sûr, à notre expérience. On a déduit au fur et à mesure des années que l'arbre qui tombe fait toujours du bruit. Alors... lorsque l'arbre de la vie tombe, mais que personne ne le voit, cela fait-il aussi du bruit, même si personne ne s'en rend compte? En parlant de la chute de "l'arbre de la vie", je ne parle pas ici de la mort, mais simplement de ces petits deuils que nous devons accomplir durant toute notre vie. Ne prenons qu'une branche, celle de l'espoir par exemple. Pour reprendre la métaphore, on sait qu'une branche qui tombe fait du bruit, elle peut même blesser. Et elle pourrira en silence, au sol. Comparons alors la branche avec l'espoir, dans une vie. Quand cet espoir tombe, mais que seul l'arbre qui le portait s'en rend compte, on est déjà sûr qu'il ne blessera personne. Et est-ce que quelqu'un remarquera que cet espoir, cette force imperceptible qui nous poussait à toujours avancer et à changer, est tombé? Quelqu'un sera-t-il à l'écoute, assez silencieusement, comme on l'a décrit au début, pour s'en rendre compte? Et même si ce coup de chance survenait, cette personne arriverait-elle à faire quelque chose?

Les événements ne se passent peut-être pas forcément comme on l'aurait imaginé, peut-être qu'au moment-même où on aura perdu tout espoir, un sourire, un regard, une parole viendront non pas ressusciter ce vieil espoir, non, la branche est définitivement tombée, elle ne peut plus revenir. Mais "l'arbre" peut refaire un bourgeon, il peut recommencer à espérer ou à croire en l'avenir, il continue de vivre. Pas infiniment, mais il a encore un sursis. Et il suffit de parfois pas grand chose, un geste, une étincelle au fond des yeux, pour donner à ce bourgeon la dernière force qui lui manquait pour éclore et s'épanouir pleinement, portant à nouveau plein d'espoirs.

Il n'est donc à mon avis pas inutile, lorsque l'on rencontre un ami, une connaissance, un membre de sa famille, ou même un inconnu qui nous parle, de se poser la question que l'on ne peut pas se poser pour les arbres, de par leur immobilité: mon ami va-t-il vraiment bien, ou se "déplace-t-il" pour m'éviter d'être blessé dans la "chute d'une de ses branches"? Et écoutons silencieusement la réponse, pour peut-être accéder à un peu plus de profondeur dans l'échange avec cet ami. Même s'il n'a rien à dire, un non-dit profond est plus éloquent que mille paroles en l'air.

26 juillet 2008

Lâcher prise


Un symbole de notre intérieur...

Photo du 11 mai 08, St-Aubin


Cette photo du mois a été prise un jour de grande mélancolie. On aurait presque pu l'appeler une photo du "moi", ce jour-là. Elle est sombre, comme éteinte. Juste un petit détail, brillant, un coeur accroché à son cuir noir. Ce coeur a été le symbole de beaucoup de choses. Il était un peu ce à quoi je me raccrochais lorsque tout était noir autour de moi, c'était un symbole de paix, de sûreté...

Mais quelle sûreté? Un simple bout de métal a-t-il autant de "pouvoirs" que cela?! Et cette sécurité, ce calme, cette sérénité, ne sont-elles pas pures illusions? Dans une vie, on peut le dire, passablement chaotique, comment ce simple objet peut-il nous rassurer? On accorde parfois énormément d'importance à toute une quantité d'objets. Certains les appellent "objets sacrés", d'autres les voient comme de simples "grigris", d'autres encore les considèrent comme des objets à ne pas oublier, ni perdre, ni abîmer, mais sans trop savoir pourquoi. Mais de quelque manière que nous appréhendions ces objets, ils ont une importance particulière à nos yeux.

Je me demande alors: cette importance, cette tendance à nous accrocher à ces objets sentimentaux, ne vient-elle pas simplement du plus profond de notre être? Une personne a dit un jour à une amie: "tu as tout le courage qu'il te faut en toi, il te suffit de l'accepter". En s'accrochant à certains objets, ne cherche-t-on pas simplement ailleurs ce qui est en nous? Ou alors est-ce qu'on cherche à "matérialiser", à se représenter à l'aide de quelque chose de concret, ce que l'on ressent profondément?

Nous avons tendance à nous attacher à certains objets, à certaines musiques qui nous rappellent de multiples souvenirs, à certains goûts, à certaines odeurs, ... Cet attachement nous aide à progresser, car il nous permet de visualiser, de mettre un nom sur ce que nous ressentons. Il nous aide aussi à faire le deuil de certaines choses, certains événements. De plus, le fait d'assembler une émotion, un sentiment, avec un symbole, nous permet de le revivre simplement en touchant, sentant, écoutant, ou en voyant ce symbole souvent bien choisi. Cette réminiscence de beaux souvenirs, ou de mauvais, nous permet de nous protéger au quotidien; il nous permet de passer outre le coup de cafard, ou de ne pas refaire les mêmes erreurs. La symbolisation d'événements marquants à l'aide d'objets est un moyen que nous, humains, avons trouvé pour grandir toujours un peu plus, avancer sur le chemin de notre vie; un chemin jalonné par ces symboles, qui nous permettent de ne pas nous tromper de route, ou de retourner un petit bout en arrière, voir comment on avait fait dans telle ou telle situation.

Mais parfois, il y a un danger à cet attachement: il arrive que l'on attribue un bonheur, un bien-être, à une personne. Le danger, avec les personnes, est leur impermanence. Un objet, si on en prend un minimum garde, ne partira jamais, une musique ne changera pas au cours du temps, une odeur ne sera jamais crée par une autre source que celle qui a toujours produit cette odeur. Bon, les humains ont souvent voulu tout synthétiser, parfois avec succès... Mais les personnes... Les individus sont tous individuels. Il ne faut pas l'oublier: chaque personne a son caractère, son histoire, chaque personne évolue indépendemment de nous. On ne peut et ne doit jamais considérer une personne comme un objet, entre autres à cause de cela. Ne pas considérer l'indisponibilité d'une personne, ou la fin de son amour, ou simplement son indépendance, reviendrait à l'emprisonner auprès de soi, comme une peluche, mais vivante.

Il est bon de se mettre des jalons, des repères. On en a besoin. Et notre entourage peut très bien nous en fournir. Sans ces jalons, nous sommes perdus, nous errons dans le champ ouvert aux erreurs. Nous croyons être complètement disponibles, libres, capables d'aller n'importe où. Et c'est probablement vrai. Mais n'importe où, cela comprend énormément de chemins, et pas forcément les meilleurs, ni les plus simples, ni même les plus sûrs. Il devient alors extrêmement difficile de ne pas se perdre.

Nous avons donc besoin, afin de mieux nous construire, de quelques repères. Nous savons en principe, assez naturellement, les choisir pour un dessein des plus adéquats. Parfois même, ils s'imposent à nous, ils deviennent si évidents que nous ne pouvons refuser de les accepter. Notre entourage nous en propose souvent de très judicieux. Mais notre seul "devoir", si l'on veut vivre dans le respect et l'harmonie, est de ne pas confondre repère, et source de repères.

24 juin 2008

Découvertes


Il n'est pas toujours facile d'accepter de balayer le brouillard...

Photo du 12 mai 08, St-Aubin


Les découvertes, le rêve de tellement d'êtres. Aller voir d'autres contrées, d'autres paysages, d'autres cultures... N'est-ce pas un peu ce dont on rêve tous, secrètement ou ouvertement? Cela revêt parfois une telle importance pour nous, que l'on irait jusqu'à se demander si ce n'est pas ce désir de découvrir qui fait de nous des êtres, qui existent...

Ce thème des découvertes me tient beaucoup à cœur, car il symbolise pour moi tout un art de vivre. Le simple fait de découvrir des choses, aussi infimes et délicates soient-elles, c'est être ouvert au monde extérieur. Malgré un petit côté parfois réticent, on se laisse volontiers surprendre par de nouvelles musiques, de nouveaux visages. Une relation qui change, apporte un élan de fraîcheur, clarifie peut-être même certaines situations. Et on s'aperçoit alors que cela fait vraiment du bien, de se laisser aller, de ne plus réfléchir, ni craindre le ridicule. Simplement oser exprimer ce besoin, le vivre, et vivre. Ne plus avoir cette paresse d'aller à la rencontre des gens, de la nature, juste vivre pleinement.

On s'aperçoit, au fur et à mesure que l'on pratique cette façon de vivre, que les gens s'ouvrent aussi bien plus facilement. C'est ainsi qu'une simple sortie un soir entre copains, permet de faire connaissance avec une artiste pas connue, pratiquant un art pas reconnu, ou obsolète d'après certains. On découvre un côté insoupçonné de sa personnalité, qui nous plaît beaucoup. C'est ainsi que l'on découvre une musique dont on n'aurait jamais imaginé l'existence, et qui nous remplit complètement. C'est ainsi aussi que l'on peut redécouvrir à chaque promenade des endroits inattendus, vivre des moments magiques, se croire un instant au paradis. C'est ainsi qu'une longue rancune peut se transformer en un sentiment d'ouverture, une nouvelle envie de discuter, de reconstruire ce contact qui nous aidait tant à avancer.

Sans les amis, sans les gens que l'on croise, sans cette curiosité ni cette envie de découvrir, de se laisser surprendre par ce qui se présente sur notre chemin, peut-être ce chemin n'aurait-il jamais été celui qu'il est à présent. Ce chemin qui suscite tant de questionnements en nous, ce chemin que l'on remet sans cesse à l'épreuve, un chemin dont on n'est jamais sûr. Et pourtant, on sait qu'il faut continuer d'avancer. Alors on transforme toutes ces surprises, ces découvertes, en véritables bâtons sur lesquels on peut s'appuyer lorsque la progression devient difficile. On peut même partir à la rencontre de ces aides véritables, désintéressées, mais qui nous soutiennent tant à avancer.

Et puis, il y a toujours cette envie de découvrir, ce virus qui nous a piqué. On s'aperçoit de la beauté de la Vie qui se révèle jour après jour au fur et à mesure des rencontres, des virages sur notre chemin. Il y a ces événements si attendus, que l'on compte les jours, les heures qui nous séparent du moment où l'on devra tout quitter. On ressent ce sentiment étrange d'attachement à ce que l'on a adopté pendant une partie de notre vie, et qui nous a adopté. Cette envie, elle nous aide à vouloir continuer d’avancer, à avoir des objectifs, c’est cette force incompréhensible qui nous motive à continuer de croire en l’avenir, de croire que le chemin que l’on prend est le bon. Cette confiance, cette envie de continuer à découvrir, à s’émerveiller, nous fait entrevoir que plus loin, d’autres « bâtons » sont prêts, ils nous attendent; on sait que si on suit cette direction, ils nous aideront encore à avancer.

Laisser de côté ces vieilles craintes, enlever ce voile qui nous masquait la vue, souffler un bon coup sur ce brouillard qui rendait floue toute perspective un peu plus lointaine, est possible. Il suffit, pour y arriver, de découvrir. D’accepter de partager des instants de Vie avec l’autre. Et le monde s’ouvrira alors. Dans toute sa splendeur, dans toute sa souffrance, aussi. Car l’ouverture permet de tout voir, et de voir aussi les bons bâtons qui nous accompagneront très longtemps avant de se briser. Et, de découverte en découverte, nous avancerons…

12 mai 2008

L'impermanence


Et si demain on devenait aveugle?

St-Aubin, 12 mai 08


Au jour où tout va très (trop?) vite, où l'information se transmet à la vitesse de l'éclair, où il faut être rentable, et être partout en même temps, j'ai eu envie de prendre une petite pause. De m'asseoir au pied de l'arbre de la vie, et d'observer les oiseaux qui venaient y butiner. C'est alors que je me suis aperçu que ces oiseaux ne butinaient pas qu'à cet arbre, mais à des centaines, virevoltant d'un à l'autre. J'ai aussi remarqué qu'il n'y avait pas qu'une espèce d'oiseaux, ni que des oiseaux, d'ailleurs. Certes, il y avait bien ces corneilles un peu plus adultes qui avaient trouvé refuge sur quelques branchages de l'arbre, mais monsieur partait tout de même souvent ailleurs, chercher de quoi vivre et faire vivre sa jeune famille.

Est-ce que c'est à ça que peut se résumer la vie? Au vol entre différents arbres, soit à la recherche de quoi vivre, soit au virevoltement entre des dizaines, voire des centaines d'arbres différents? Trouve-t-on ne serait-ce qu'une fois, aujourd'hui, un endroit où on peut trouver un véritable refuge? Et qu'est-ce, véritablement, qui nous fait ou nous aide à vivre?

Puis je me suis dit que là n'était pas la question. Où en tout cas, qu'il y avait peu de réponses satisfaisantes à ce sujet. Alors une pensée m'est venue: rien n'est permanent. Ou plutôt, tout n'est qu'impermanence. Tout nous est prêté, et pour une durée extrêmement précise: celle d'une vie. Mais nous savons que nous pouvons faire ce que nous voulons de ce cadeau éphémère mais si extraordinaire. Il nous faut juste accepter que tout peut nous être retiré à tout moment. Parfois, cela peut se vivre bien, parfois même, on l'attend impatiemment, et parfois, la séparation d'avec ce que l'on a osé considérer comme un dû, ou un don, est très douloureuse. Si nous nous opposons à cette impermanence de notre milieu, de notre monde, nous serons en perpétuelle recherche de substituts. Or, le présent est un cadeau trop précieux et trop absolu pour le considérer comme le substitut de ce que nous avons perdu! D'autant que le passé, n'est autre qu'un présent d'hier.

C'est ainsi que j'ai pu retirer de mon esprit la futile question de la vie qui ne serait comparable qu'à un vagabondage entre plusieurs arbres, plusieurs "sources de bonheur", plusieurs passions. La recherche de cette envie de savourer l'instant présent, de savourer chaque goutte de pluie, chaque moment que nous passons dans les embouteillages, chaque formation nuageuse, comme si nous savions que demain nous allions devenir aveugle, est le meilleur moyen d'arriver à une meilleure entente avec cet être qu'on a parfois tendance à perdre de vue, ou d'oreille, que l'on appelle communément le coeur.

19 avril 2008

Risque-t-on de se brûler les ailes, à trop vouloir s'éclairer?


Voir l'essentiel

St-Aubin, 13 avril 08


Avez-vous déjà fait, cher lecteur, l'expérience de vous retrouver en pleine nuit, avec quelques amis, autour d'un grand feu? Qu'avez-vous remarqué? Ou plutôt, que n'avez-vous pas remarqué? Car là est la question: le feu, éclaire-t-il l'essentiel, ou vous aveugle-t-il de l'essentiel?

Prenons le temps de s'expliquer... Lorsque vous faites un feu, en pleine nuit, vous remarquerez certainement que vous voyez mieux ce qui se trouve dans son rayon de lumière. C'est tout à fait logique, il est là un peu dans ce but. Mais vous remarquerez aussi que tout ce qui se trouve hors de ce champ de lumière apparaît alors soudain beaucoup plus sombre... Ce même phénomène est aussi observable, pour les plus "urbanisés" que moi, lorsque vous êtes dans votre chambre, la nuit, et que vous regardez dehors. Allumez la lumière, et vos voisins ou les étoiles disparaissent... Or, allumer cette lumière ou ce feu, peut nous permettre d'éviter les pieds de chaise intempestifs ou d'éloigner les prédateurs. Ce feu permet également de mieux voir nos interlocuteurs éclairés par lui. Mais cette lumière, apportée artificiellement par nous, ne nous ferme-t-elle pas à une partie de notre environnement?

Vous aurez donc compris la métaphore: nous accordons parfois de l'importance à des détails, détails qui peuvent être importants, mais alors on perd un peu cette notion de l'entourage, cette vision globale. La question est alors de choisir ce que nous voulons privilégier, plutôt s'attarder et savourer quelques détails de notre vie quotidienne, ou s'attacher profondément à peu d'amis, ou au contraire avoir une vision plus globale des choses et des événements sans en louper une miette, ou s'attacher à beaucoup de personnes, mais vivre des relations moins approfondies? Comme souvent, l'idéal serait de faire un mélange des deux, allumer le feu vers le soir tombant, plutôt qu'en pleine nuit. Ainsi, on voit mieux les personnes les plus proches, et on peut garder un oeil curieux et ouvert au monde nous entourant.

Mais, tôt ou tard, le soir laisse sa place à la nuit. Tôt ou tard, nous devons accepter la réalité, et prendre une décision plus tranchée, poser nos priorités. Et nous devons garder à l'esprit que tôt ou tard, le jour reviendra... Et que quel que soit le risque que l'on prend en décidant telle ou telle chose, il n'est pas possible de ne pas prendre de risque. C'est oser décider de prendre un risque tout en ayant cette confiance en l'avenir, que j'appelle Liberté.

16 mars 2008

Discret soutien...


Le vent, cet inconnu...

St-Aubin, 16 mars 08


Que sait-on du vent? Il pollinise nos arbres et nos fleurs, nous fournit de l'énergie, parfois sa violence détruit nos forêts ou nos habitations comme des châteaux de cartes, il nous offre de magnifiques spectacles, le soir, devant un coucher de soleil. Il arrive à sculpter des paysages entiers, à faire ce qu'il veut des océans. Il chasse les nuages noirs, les amène parfois. Il nous fournit notre pain, en faisant tourner les moulins, nous permet de voyager, portés par notre montgolfière ou en nous guidant sur les mers si vastes... Il porte nos premiers billets amoureux écrits sur un simple avion en papier, fait rêver les garçons en animant les cheveux des filles. Il fait se dresser, fiers, les drapeaux de toutes les nations, sans différence aucune. Les oiseaux et les enfants jouent avec lui, les arbres gémissent sous sa pression.


Que sait-on du vent? Quelqu'un peut-il se vanter de l'avoir vu une fois? On ne connaît du vent que ses effets. Ce vent, qui nous procure tant de joies, parfois de désolations, ne peut s'exprimer qu'à travers ce qu'il anime, il ne se fait entendre que par ces quelques instruments qu'on lui met à disposition, et avec lesquels il improvise à chaque instant une nouvelle harmonie. Personne ne connaît ce vent, si libre que rien ne l'arrête, si désireux d'animer tout ce qu'il rencontre, à un tel point que parfois il s'emballe et fait tomber l'arbre le plus ancestral. Personne ne connaît ce vent, personne ne l'a jamais vu. Et pourtant, inlassablement, il ne cesse de nous prouver son existence, si invisible que certaine.


Le vent serait-il timide? Se cacherait-il? Aurait-il peur de se montrer tel qu'il est? Non, il est simplement de ces êtres qui agissent pour le bien des autres, parfois en cassant quelques branches trop vieilles, qui laisseront de la place aux plus jeunes. Il est de ces éléments sans lesquels rien ne fonctionnerait. Sans lui, le marin perdu ne sentirait pas l'odeur des côtes, lointaines, mais tout à coup si proches grâce au vent. Le vent est de ces êtres que personne ne connaît vraiment, mais dont tout le monde parle, dont tout le monde connaît ses effets, bons ou mauvais. Il est de ces êtres sur qui on peut toujours compter, on sait qu'il reviendra toujours, on sait que ce vent savant inventera bien quelque chose pour nous mener jusqu'au prochain soleil levant. Il est de ces êtres en qui on croit.

23 février 2008

Sa destination


Savoir où l'on va

Portalban, 15 février 08


Beaucoup se demandent comment on peut avancer sans rien voir de notre but. Sinon, pourquoi aurait-on fait appel aux oracles ou autres "diseuses-de-bonne-aventure"? Et pourtant...

On accorde aujourd'hui énormément d'importance aux GPS, cartes numérisées du monde entier, photos satellites, atlas mondiaux, ... Tout un fratras de repères et de moyens de se situer très précisément, et de "savoir" où l'on est, où l'on va. Il existe des tas d'images, de vidéos, de témoignages de gens du monde entier, nous racontant ou décrivant leur vie locale. Et nous y avons très facilement accès, grâce aux journaux, magazines, et surtout internet. Je me pose alors une question: avons-nous autant besoin d'être rassurés sur notre destination? Avons-nous réellement ce besoin de savoir ce qui nous attend?

Il existe encore ces voyageurs sans but précis, ces marins qui se dirigent à la boussole, sans trop savoir ce qui se cache derrière cette brume impénétrable, mais qui connaissent la direction à prendre. Il existe encore ces pompiers qui se lancent dans la fournaise sans trop savoir ce qui va leur tomber dessus, mais qui savent qu'il y a une vie à sauver, devant eux. Il existe encore quelques personnes qui partent pour une durée indéterminée à l'étranger. Mais le marin, n'a-t-il pas un but? Celui de ramener de quoi faire vivre sa famille, restée soucieuse à terre? Le pompier, ne veut-il pas se mesurer à la force du feu? Le curieux d'aller ailleurs, n'est-il pas en fuite? On a toujours un but. Même le voyageur, qui se dit sans but précis, espère voir du pays, il s'attend à découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux moeurs...

La seule chose qui importe, en fin de compte, est de savoir se perdre. Car en se perdant, nous prenons le risque de tomber sur l'imprévu, l'inattendu, ce qu'on ne peut plus contrôler. Nous prenons le risque de tomber sur un nouveau banc de poissons, de toucher la personne écroulée et asphyxiée par la fumée, nous risquons de découvrir que ce n'est pas à l'étranger qu'on trouvera le repos, mais en soi. En errant sans but précis, nous prenons le risque de nous ouvrir vraiment à l'autre, à sa culture, à ses paysages. Et peut-être même qu'il nous fera monter sur ses montagnes, pour nous permettre de voir par-dessus cette brume qui nous bouchait la vue, tout à l'heure... Peut-on encore parler de risques? Se perdre est-il toujours aussi négativement connoté? Et si tout compte fait, il fallait se perdre pour trouver quelque chose de mieux encore?

18 janvier 2008

Emerveillement


Emerveillement.

12 janvier 2008, Berlin.


J'ai décidé, pour cette année, de publier chaque mois une image qui me parle, qui m'évoque quelque chose. Donc, je commence ici, avec une amie incroyable.

L'émerveillement. Au jour où tous les jeunes tripotent leurs téléphones portables, ou sont toute la journée devant leur écran à "chatter", même en dehors du cadre de la maison, on leur a trouvé un moyen de communiquer avec les autres à travers MSN portable, le téléphone, les mails, ... tous ces moyens qui imitent la communication "normale", celle où deux personnes se parlent face à face.

Pourquoi tant de technologies? On croirait que notre société actuelle prône ce genre de froideur, de communication où on ne voit plus les visages, les émotions. L'émerveillement. C'est un des plus beaux sentiments à voir, je trouve. Comment réapprendre la chaleur humaine, réapprivoiser ce contact qui permettrait à nouveau de ressentir des sentiments vrais, des visages vrais, et pas un de ces simples ;-) qu'on voit partout? N'est-ce pas plus beau, plus vrai, plus honnête, de voir les gens et ce qu'ils ressentent vraiment, plutôt que ces "smileys" qui ne traduisent qu'un vague état d'âme, et qui correspond à tout sauf à la réalité?



Il y a quelques années, on se téléphonait pour prévenir qu'on avait envoyé un mail à quelqu'un. Du coup, plus besoin d'envoyer le mail, puisque l'information était passée... Mais aujourd'hui, c'est plutôt le contraire: plus besoin du téléphone, puisque l'info est passée... On préfère laisser tomber le téléphone, où on entend encore les silences, les soupirs, les tons de voix, etc. pour privilégier ce discours sans émotion réelle, ce discours rapide, décharné.



Alors essayons de garder à l'esprit que s'émerveiller devant un concert, devant une feuille morte emprisonnée dans la glace d'un étang, devant la simplicité de la vie, la simplicité d'un regard, d'une parole, d'une larme ou d'un sourire, n'est pas quelque chose qu'on a le droit de négliger et de remplacer par un :-) ou un :-(