12 mai 2008

L'impermanence


Et si demain on devenait aveugle?

St-Aubin, 12 mai 08


Au jour où tout va très (trop?) vite, où l'information se transmet à la vitesse de l'éclair, où il faut être rentable, et être partout en même temps, j'ai eu envie de prendre une petite pause. De m'asseoir au pied de l'arbre de la vie, et d'observer les oiseaux qui venaient y butiner. C'est alors que je me suis aperçu que ces oiseaux ne butinaient pas qu'à cet arbre, mais à des centaines, virevoltant d'un à l'autre. J'ai aussi remarqué qu'il n'y avait pas qu'une espèce d'oiseaux, ni que des oiseaux, d'ailleurs. Certes, il y avait bien ces corneilles un peu plus adultes qui avaient trouvé refuge sur quelques branchages de l'arbre, mais monsieur partait tout de même souvent ailleurs, chercher de quoi vivre et faire vivre sa jeune famille.

Est-ce que c'est à ça que peut se résumer la vie? Au vol entre différents arbres, soit à la recherche de quoi vivre, soit au virevoltement entre des dizaines, voire des centaines d'arbres différents? Trouve-t-on ne serait-ce qu'une fois, aujourd'hui, un endroit où on peut trouver un véritable refuge? Et qu'est-ce, véritablement, qui nous fait ou nous aide à vivre?

Puis je me suis dit que là n'était pas la question. Où en tout cas, qu'il y avait peu de réponses satisfaisantes à ce sujet. Alors une pensée m'est venue: rien n'est permanent. Ou plutôt, tout n'est qu'impermanence. Tout nous est prêté, et pour une durée extrêmement précise: celle d'une vie. Mais nous savons que nous pouvons faire ce que nous voulons de ce cadeau éphémère mais si extraordinaire. Il nous faut juste accepter que tout peut nous être retiré à tout moment. Parfois, cela peut se vivre bien, parfois même, on l'attend impatiemment, et parfois, la séparation d'avec ce que l'on a osé considérer comme un dû, ou un don, est très douloureuse. Si nous nous opposons à cette impermanence de notre milieu, de notre monde, nous serons en perpétuelle recherche de substituts. Or, le présent est un cadeau trop précieux et trop absolu pour le considérer comme le substitut de ce que nous avons perdu! D'autant que le passé, n'est autre qu'un présent d'hier.

C'est ainsi que j'ai pu retirer de mon esprit la futile question de la vie qui ne serait comparable qu'à un vagabondage entre plusieurs arbres, plusieurs "sources de bonheur", plusieurs passions. La recherche de cette envie de savourer l'instant présent, de savourer chaque goutte de pluie, chaque moment que nous passons dans les embouteillages, chaque formation nuageuse, comme si nous savions que demain nous allions devenir aveugle, est le meilleur moyen d'arriver à une meilleure entente avec cet être qu'on a parfois tendance à perdre de vue, ou d'oreille, que l'on appelle communément le coeur.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Sublime...