29 décembre 2009

Peace and love


Notions de temps...

Photo faite le 29 décembre 2009


Je suis allé aujourd'hui rendre visite au grenier d'un homme décédé il y a peu de temps. Cet homme était postier, ou plutôt cariste à la poste. Un métier dont apparemment il était complètement passionné; on en trouve des vestiges des plus remarquables, témoins insolites d'un temps passé. Vieilles cartes à trous, avec la machine à les fabriquer, caisse enregistreuse du car, livrets de comptes postaux de plus de 110 ans, ainsi qu'une multitude de disques vynils, de photos et d'affiches publicitaires vendant les mérites du car "moderne"...

Comment ne pas être touché par ces véritables panneaux indicateurs de notre passé? Combien de nos téléphones ou autres ordinateurs portables resteront encore en fonction dans 110 ans? Ces merveilles de mécanique sont les plus belles preuves de l'ingéniosité de l'Homme.

Au jour où l'on tente de sauver ce que l'on peut de la terre qui nous héberge, en revenant à des valeurs moins frivoles, où le superflu n'est plus un signe de supériorité, mais une autorisation d'accusations publiques, nous devrions peut-être avant tout nous pencher sur ce passé qui n'est pas si lointain, un passé que nos parents connaissent encore. Mais voilà, nous ne prenons pas le temps de les écouter, nos aînés, qui ont pourtant tant de choses à nous raconter!

Il y a des choses, comme ça, que l'on sous-estime, auxquelles on ne prête pas l'attention qu'elles méritent. Et cela trop souvent au bénéfice de bien des futilités. Nous sommes passés aujourd'hui d'un mode de communication orale à une communication informelle, informatisée. La culture orale, la vraie, celle que l'on peut observer encore dans quelques minorités de peuples, se retrouve parfois dans une famille ici ou là; la rapidité de la communication, sa soit-disant praticité, ont fini par envahir nos moeurs à tous, qu'on le veuille ou non, nous faisons partie intégrante de l'engrenage! Il y a peu de temps, j'ai vu une publicité pour un abonnement de téléphonie. On y voyait un garçon et une fille qui essaient de s'avouer leur amour, mais aucun des deux n'a le courage de dire la phrase qui fait si peur... Et la publicité de dire: "il est parfois plus facile d'écrire..." Je me demande bien où est le charme de la déclaration, écrite en style télégraphique... Pourquoi ne pas se l'envoyer par signaux morses, après tout?!

Il y a des choses, comme ça, que l'on sous-estime. Le propre de l'Homme, disent certains, c'est la parole. Sommes donc bientôt si loin de l'humanité? Alors quitte à passer pour ringard, je suis et resterai autant que je le pourrai un fervent défenseur de la langue orale, mais surtout du contact réel qui l'accompagne inéluctablement, du sens tactile, de la sensibilité qui se dégage des regards, des sourires ou des mimiques que l'on arbore parfois. L'amour du prochain, comme on le nomme dans le grand livre, n'est à mon avis véritablement vécu qu'à travers une vraie relation, réelle et solide. Pas forcément de longue date, mais surtout pas de manière virtuelle. Même l'amitié la plus forte, celle qu'on croyait indestructible, celle en laquelle on croyait comme au soleil, si elle n'est entretenue que par écrits, peut s'envoler du jour au lendemain avec la facilité d'un clic de souris, mettant tout cela à la corbeille.

Alors, en ces périodes de fêtes, prenez ceux que vous aimez dans vos bras, dites-leur que vous les aimez. Une carte fait toujours plus plaisir qu'un e-mail, celui qu'on envoie à tout le carnet d'adresses... Mais, franchement, un gros câlin ne fait-il pas mille fois plus son effet? Laissons donc les glaçons et les attaques mordantes à l'extérieur, profitons du fait que ceux que nous aimons soient encore présents pour le leur dire.

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