Légende
Photo réalisée le 13 avril 2008
La légende raconte que le matin d'une journée ordinaire, dans une forêt très dense et peuplée de plein d'animaux, une petite coccinelle se réveilla comme d'habitude, observa légèrement le ciel, mais elle savait que cette journée serait exactement comme les autres, qu'il ferait beau et qu'elle profiterait bien du soleil pour virevolter à sa guise pour chercher ici ou là quelque friandise. Mais l'heure n'était pas encore au déjeuner, il fallait d'abord faire un brin de toilette, se dit-elle, encore à moitié endormie. C'est quand elle commença à se lisser les ailes qu'elle s'aperçut, avec effroi, que...
-Oh mon Dieu! J'ai perdu tous mes petits points! Comment est-ce possible?! Au secours, au secours, j'ai perdu tous mes petits points, criait-elle à tout va. Mais ses cris désespérés restaient sans grand effet, elle était si petite que personne ne l'entendait. Alors, dépitée, elle commença à chercher, peut-être se sont-ils glissés sous cette écorce, où elle s'est endormie? Ou alors derrière ces quelques feuilles, ou peut-être dans la petite flaque d'eau qui lui avait servi de lavabo hier soir? Mais non, rien à faire, elle restait désespérément bredouille. A croire qu'ils ont définitivement disparu! se dit-elle.
Alors, elle lança quelques connaissances à la recherche de ses petits points. Elle eut beaucoup de peine à se faire reconnaître, elle qui avait perdu son identité, en quelque sorte. Mais personne de ses amis n'avait aperçu le moindre petit point. Elle décida alors de demander à monsieur hibou, lui qui a de si bons yeux. Lui aussi, eut beaucoup de peine à reconnaître notre petite coccinelle.
-Bonjour, monsieur hibou, désolée de vous réveiller en plein après-midi, mais j'ai besoin de votre aide. Quelque chose d'effroyable m'est arrivé cette nuit!
-Houhouhou! Bonjour, coccinelle, raconte-moi ton histoire... Je finirai ma sieste tout à l'heure!
-Eh bien en me réveillant ce matin, je me suis aperçue que tous mes petits points avaient... disparu! J'ai cherché partout, mes amis lapin et grenouille m'ont bien aidée, mais nous sommes trop petits pour chercher dans toute la forêt! Nous n'avons rien trouvé, et nous pensions qu'avec vos yeux très perçants, vous pourriez nous aider?!
-Eh bien, c'est une terrible histoire que tu me racontes. Mais je suis désolé, coccinelle, je ne peux rien pour toi. Tu le sais bien, je ne chasse que la nuit, mes yeux sont très bons la nuit, mais je ne peux rien faire pour t'aider, de jour. Et tes petits points, tout noirs, je ne les verrai jamais quand le soleil sera descendu.
La coccinelle était désemparée. Elle était vraiment sûre que monsieur hibou aurait pu l'aider. Qu'à cela ne tienne, si il ne pouvait rien voir la journée, elle irait demander à monsieur aigle, qui, lui, chasse très bien de jour! Et la voilà partie dans les hauteurs de la falaise, un peu plus loin, près de la cascade. Après un long voyage, portée par ses toutes petites ailes, soumise aux vents violents qui soufflent tout en haut de la montagne, elle arrive enfin au nid de monsieur aigle, qui ne l'accueillit pas très chaleureusement.
-Que fais-tu dans mon nid, misérable insecte? Si je viens me percher si haut, c'est justement pour ne pas qu'on vienne me déranger!
Et d'un coup d'aile, il envoya rouler la coccinelle qui n'eut même pas le temps de souffler un peu en arrivant au sommet de son escalade. Et elle tomba, percuta quelques rochers avant de réussir à se stabiliser et ouvrir ses ailes pour freiner sa chute. Triste, elle continua de descendre à nouveau dans la vallée, ne sachant plus à qui demander de l'aide pour retrouver ses petits points. Elle commençait à se dire qu'elle ne les retrouverait jamais, qu'elle ferait mieux de laisser tomber sa recherche, lorsque tout à coup, elle tomba sur un régiment de fourmis en plein travail! Elle s'approcha d'un caporal, qui la conduisit à la reine, à laquelle la coccinelle expliqua toute son histoire. Aussitôt, la reine des fourmis ordonna qu'un détachement s'occupe immédiatement de notre pauvre coccinelle. Par chance, le chef de ce petit bataillon était le caporal qu'elle avait rencontré un peu plus tôt.
-On va vous aider, ne vous inquiétez plus, ma petite dame! Le caporal voulait rassurer la petite coccinelle, mais elle ne voyait pas vraiment comment il allait s'y prendre, elle qui avait déjà demandé aux meilleurs yeux de l'aider, sans résultat.
-Il sera effectivement difficile de vous les retrouver, vos petits points. Mais nous avons plusieurs amis dans la forêt qui sont déjà avertis et qui font le nécessaire pour vous en créer de tout beaux, tout neufs!
La coccinelle n'en revenait pas: elle aurait donc de nouveaux points? Une nouvelle identité? Après tout, pourquoi pas, se dit-elle! Cela me donnera une nouvelle jeunesse, je serai encore plus belle qu'avant!
-Alors en route, ne traînons pas plus longtemps! ordonna le caporal à ses troupes. Direction: le lac!
Et toute la bande se mit en marche, les soldats entourant la coccinelle. Elle se sentit soudain très bien: c'était la première fois qu'elle reprenait espoir et commençait à croire que, finalement, elle allait tout de même ressembler à une vraie coccinelle!
Arrivés au lac, les compagnons se dispersèrent pour monter la garde tout autour du raton laveur qui était déjà averti de sa mission par quelques soldats qui étaient partis en éclaireurs. Dans l'eau, on pouvait apercevoir madame pieuvre qui attendait patiemment les ordres du caporal. La coccinelle ne comprenait pas ce que ces animaux pouvaient bien lui apporter, mais elle décida de faire confiance au caporal des fourmis, il avait l'air de savoir ce qu'il faisait. Et hop, en quelques ordres, la pieuvre se retourna, cracha tout au bord de l'eau un gros nuage d'encre, dans lequel monsieur raton laveur s'empressa de tremper le bout de sa queue. Ainsi chargée d'encre, elle ressemblait à un gros pinceau. Alors le caporal appela maître Leonardo, qui était réputé comme très mauvais soldat, mais excellent architecte et un peu artiste dans l'âme. Aussitôt dit, aussitôt fait: Leonardo arracha en s'excusant un poil de la queue de raton laveur. La coccinelle comprit rapidement qu'elle allait enfin recevoir ses nouveaux points, exécutés par le plus grand artiste qu'elle connaissait! Leonardo s'exécuta, et en quelques coups bien ajustés de poil de raton laveur, la coccinelle était si bien ornée que tout le monde poussa un grand soupir d'admiration.
-Eh bien, ma petite dame, vous voilà prête à virevolter encore plus gaiement qu'auparavant! commenta le caporal.
-Oh, je ne sais comment vous remercier! Ce que vous avez fait pour moi est tout simplement magnifique!
Et c'est ainsi que, depuis ce jour, toutes les coccinelles rivalisent d'astuces pour tenter d'égaler la beauté de cette coccinelle légendaire, mais personne n'a encore jamais aperçu une aussi belle coccinelle que ce jour-là. Et pour cause! Aucune coccinelle n'a encore osé se présenter chez les fourmis pour demander un petit autographe de maître Leonardo!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire