28 novembre 2010

Petites pensées



Traces

Photo réalisée le 28 novembre 2010


"L'amour, ça fait souffrir."
"L'amour, c'est chiant et ça ennuie tout le monde."
"Les gens qui s'aiment sont aveugles, et parfois même sourds."
"De toute façon, personne ne voudrait de quelqu'un comme moi, je le sais déjà."

"L'amour est une force."

N'avez-vous jamais entendu ce genre de réflexions? J'aime beaucoup les trois premiers exemples de ce que j'entends parfois, parce qu'ils ne sont pas faux. Mais ce que j'aime surtout c'est leur ton affirmatif le plus indubitable qu'emploient ceux qui prononcent ces phrases. Cette manière de parler qui me fait sourire doucement évoque une certaine assurance, une soit-disant compréhension ultime et inattacable de ce qu'un couple représente.

Et puis, il y a le quatrième exemple, déjà plus touchant, plus personnel, plus désespéré aussi. C'est la phrase que l'on entend de la jeune fille qui doute d'elle-même, et qui pourtant s'applique à devenir séduisante, qui aimerait qu'on la regarde, ne serait-ce qu'un instant, un regard discret, un petit sourire de ce garçon, là-bas, si inaccessible... Juste un petit clin d'oeil, ce n'est vraiment pas si difficile... Et, résignée, elle se plaît tout compte fait aussi très bien, avec ses amies. Elles discutent de tout et de rien, et dans tout ce rien, on peut déceler ici ou là une petite allusion discrète à ce garçon...

Et puis, comme un coup de guillotine, "l'amour est une force". La phrase tombe, l'affirmation tranche avec tout le reste des complaintes et des éventuelles moqueries, les mots sont frappants de leur profondeur pourtant si simple. L'amour est une force, une force qui permet d'avancer, d'évoluer, d'apprendre, et parfois même de se soulever de notre bon vieux plancher. L'amour pour une personne, oui, mais aussi l'amour que l'on porte pour son chat, que l'on est heureux de retrouver le soir après une longue journée harassante. Ce petit animal redonne un petit coup d'énergie, on joue avec lui pendant un instant, on lui raconte nos petites peines parfois. Il y a l'amour que l'on porte à nos familles, et celui que nous en recevons en retour. Cet amour-là fortifie, lui aussi, il permet d'oublier un moment la solitude de notre studio, quand on revient de temps en temps "à la maison".

C'est un amour différent de celui dont parlent les quatre premiers exemples, que j'évoque ici. Bien sûr, il contient celui des amoureux, mais celui dont je veux parler maintenant est plus général, c'est ce sentiment que l'on a encore au fond du coeur en retrouvant de vieilles photos d'un amour qu'on croyait avoir oublié. Tout à coup, l'image de ce garçon est à nouveau très claire, il est là, juste là devant nos yeux. Ce grand-père qu'on avait tant aimé, qui nous faisait rire tout le temps, qui nous racontait des histoires le soir... Cette amie qui était si proche de nous, cette amie avec qui l'on partageait absolument tout, cette amie qui n'en était plus une tant on l'aimait, qu'est-elle devenue aujourd'hui? Où se trouvent maintenant ce garçon qui nous faisait rêver, ce grand-père, la première amoureuse, ou notre petit chat qui est parti un beau jour sans dire au revoir?

Heureusement, même si ces relations se terminent physiquement parfois sans un bruit, souvent beaucoup plus discrètement qu'elles ne sont apparues, elles ne se terminent que physiquement. Les souvenirs, les petites lettres qu'on aurait gardées, les dessins ou les photos témoignent de ce qui s'est réellement passé, pour nous prouver qu'on n'invente pas complètement ces souvenirs, pour nous démontrer que tout ceci s'est véritablement passé, et qu'on n'a pas de regret à avoir. Car, aussi petite soit-elle, aussi légère que celle d'une patte de velours, tout être qui nous entoure ou qui nous a entouré une fois, laisse derrière lui une trace. A nous de ne pas perdre de vue ces petites traces marquées dans la neige, pour tenter, peut-être, avant qu'il n'y ait plus de neige du tout, de retrouver la personne que nous avions aimée, et qui, d'une façon ou d'une autre, reste gravée ici, tout au fond de cette mémoire émotionnelle qui nous serre la gorge de temps en temps...

2 commentaires:

Mélody a dit…

C'est normal que je pleure?

Anonyme a dit…

je me demandais la même chose Mélody!