
L'arbre qui tombe fait-il du bruit, si personne n'est là pour l'entendre?
Photo du 19 septembre 08, bois de Pérolles (Fribourg)
Le silence. Qu'est-ce que c'est? Difficile à dire, on peut tout au plus dire ce que ce n'est pas. Ce n'est en tout cas pas le vacarme d'une discothèque, le vrombissement assourdissant de la ville, ni même le chant mélodieux d'un oiseau. Peut-on dire, lorsque l'on n'écoute rien, que l'on entend le silence? Peut-on, au contraire, écouter le silence? Je répondrais par la négative sans trop hésiter à la première question. Mais peut-on réellement écouter le silence? Et quel silence? Le silence est-il juste une absence totale de bruit, quel qu'il soit? A ce moment-là, notre simple respiration rendrait l'exercice de l'écouter impossible.
J'aimerais concevoir une autre dimension du silence. J'aimerais le définir plutôt par un calme, une sérénité si profonde que quel que soit le bruit physique qui nous entoure, peu importe. Je parle ici de ces moments où on n'est attentif à rien en particulier, et en même temps on est à l'écoute de tout. Comme si la forêt, la chambre, l'océan... le milieu dans lequel on est auraient pris possession de notre corps tout entier, comme si on en faisait partie intégrante. Pour arriver à ce stade-là, et grâce à cet état de légèreté envoûtante, nous arrivons enfin à un calme, une paix intérieure nous permettant d'être réceptif à la beauté du monde. Bien sûr, nul n'est besoin de méditer pour la percevoir, cette beauté. Mais grâce à cette nouvelle vision, on entre dans la profondeur des choses. C'est de ce silence-là, plus intérieur qu'extérieur, dont j'aimerais parler aujourd'hui, celui qui nous permet d'accéder à ce qui ne nous apparaît jamais autrement.
Lorsque l'arbre tombe, dans la forêt, mais que personne n'est là au même instant, fait-il tout de même du bruit? Comment en être sûr? On fait confiance, bien sûr, à notre expérience. On a déduit au fur et à mesure des années que l'arbre qui tombe fait toujours du bruit. Alors... lorsque l'arbre de la vie tombe, mais que personne ne le voit, cela fait-il aussi du bruit, même si personne ne s'en rend compte? En parlant de la chute de "l'arbre de la vie", je ne parle pas ici de la mort, mais simplement de ces petits deuils que nous devons accomplir durant toute notre vie. Ne prenons qu'une branche, celle de l'espoir par exemple. Pour reprendre la métaphore, on sait qu'une branche qui tombe fait du bruit, elle peut même blesser. Et elle pourrira en silence, au sol. Comparons alors la branche avec l'espoir, dans une vie. Quand cet espoir tombe, mais que seul l'arbre qui le portait s'en rend compte, on est déjà sûr qu'il ne blessera personne. Et est-ce que quelqu'un remarquera que cet espoir, cette force imperceptible qui nous poussait à toujours avancer et à changer, est tombé? Quelqu'un sera-t-il à l'écoute, assez silencieusement, comme on l'a décrit au début, pour s'en rendre compte? Et même si ce coup de chance survenait, cette personne arriverait-elle à faire quelque chose?
Les événements ne se passent peut-être pas forcément comme on l'aurait imaginé, peut-être qu'au moment-même où on aura perdu tout espoir, un sourire, un regard, une parole viendront non pas ressusciter ce vieil espoir, non, la branche est définitivement tombée, elle ne peut plus revenir. Mais "l'arbre" peut refaire un bourgeon, il peut recommencer à espérer ou à croire en l'avenir, il continue de vivre. Pas infiniment, mais il a encore un sursis. Et il suffit de parfois pas grand chose, un geste, une étincelle au fond des yeux, pour donner à ce bourgeon la dernière force qui lui manquait pour éclore et s'épanouir pleinement, portant à nouveau plein d'espoirs.
Il n'est donc à mon avis pas inutile, lorsque l'on rencontre un ami, une connaissance, un membre de sa famille, ou même un inconnu qui nous parle, de se poser la question que l'on ne peut pas se poser pour les arbres, de par leur immobilité: mon ami va-t-il vraiment bien, ou se "déplace-t-il" pour m'éviter d'être blessé dans la "chute d'une de ses branches"? Et écoutons silencieusement la réponse, pour peut-être accéder à un peu plus de profondeur dans l'échange avec cet ami. Même s'il n'a rien à dire, un non-dit profond est plus éloquent que mille paroles en l'air.
J'aimerais concevoir une autre dimension du silence. J'aimerais le définir plutôt par un calme, une sérénité si profonde que quel que soit le bruit physique qui nous entoure, peu importe. Je parle ici de ces moments où on n'est attentif à rien en particulier, et en même temps on est à l'écoute de tout. Comme si la forêt, la chambre, l'océan... le milieu dans lequel on est auraient pris possession de notre corps tout entier, comme si on en faisait partie intégrante. Pour arriver à ce stade-là, et grâce à cet état de légèreté envoûtante, nous arrivons enfin à un calme, une paix intérieure nous permettant d'être réceptif à la beauté du monde. Bien sûr, nul n'est besoin de méditer pour la percevoir, cette beauté. Mais grâce à cette nouvelle vision, on entre dans la profondeur des choses. C'est de ce silence-là, plus intérieur qu'extérieur, dont j'aimerais parler aujourd'hui, celui qui nous permet d'accéder à ce qui ne nous apparaît jamais autrement.
Lorsque l'arbre tombe, dans la forêt, mais que personne n'est là au même instant, fait-il tout de même du bruit? Comment en être sûr? On fait confiance, bien sûr, à notre expérience. On a déduit au fur et à mesure des années que l'arbre qui tombe fait toujours du bruit. Alors... lorsque l'arbre de la vie tombe, mais que personne ne le voit, cela fait-il aussi du bruit, même si personne ne s'en rend compte? En parlant de la chute de "l'arbre de la vie", je ne parle pas ici de la mort, mais simplement de ces petits deuils que nous devons accomplir durant toute notre vie. Ne prenons qu'une branche, celle de l'espoir par exemple. Pour reprendre la métaphore, on sait qu'une branche qui tombe fait du bruit, elle peut même blesser. Et elle pourrira en silence, au sol. Comparons alors la branche avec l'espoir, dans une vie. Quand cet espoir tombe, mais que seul l'arbre qui le portait s'en rend compte, on est déjà sûr qu'il ne blessera personne. Et est-ce que quelqu'un remarquera que cet espoir, cette force imperceptible qui nous poussait à toujours avancer et à changer, est tombé? Quelqu'un sera-t-il à l'écoute, assez silencieusement, comme on l'a décrit au début, pour s'en rendre compte? Et même si ce coup de chance survenait, cette personne arriverait-elle à faire quelque chose?
Les événements ne se passent peut-être pas forcément comme on l'aurait imaginé, peut-être qu'au moment-même où on aura perdu tout espoir, un sourire, un regard, une parole viendront non pas ressusciter ce vieil espoir, non, la branche est définitivement tombée, elle ne peut plus revenir. Mais "l'arbre" peut refaire un bourgeon, il peut recommencer à espérer ou à croire en l'avenir, il continue de vivre. Pas infiniment, mais il a encore un sursis. Et il suffit de parfois pas grand chose, un geste, une étincelle au fond des yeux, pour donner à ce bourgeon la dernière force qui lui manquait pour éclore et s'épanouir pleinement, portant à nouveau plein d'espoirs.
Il n'est donc à mon avis pas inutile, lorsque l'on rencontre un ami, une connaissance, un membre de sa famille, ou même un inconnu qui nous parle, de se poser la question que l'on ne peut pas se poser pour les arbres, de par leur immobilité: mon ami va-t-il vraiment bien, ou se "déplace-t-il" pour m'éviter d'être blessé dans la "chute d'une de ses branches"? Et écoutons silencieusement la réponse, pour peut-être accéder à un peu plus de profondeur dans l'échange avec cet ami. Même s'il n'a rien à dire, un non-dit profond est plus éloquent que mille paroles en l'air.
1 commentaire:
Voici une espèce de justification qui n'a pas lieu d'être... Mais au moins une explication. Comme certains de vous le savent peut-être, j'ai eu ces temps quelques soucis informatiques. Dépourvu de mon engin pharamineux, et tout de même bien utile, je n'ai pas vraiment cherché d'autre solution pour la photo du mois d'août que... de ne pas en faire.
Cela étant dit, dès l'année prochaine, je pense modifier quelque peu ma façon de construire toujours un peu plus ce site. Je ne vais rien changer au nom, attention aux habitudes, pas trop les modifier. Mais je vais me laisser la possibilité d'écrire peut-être en plus d'un article mensuel un autre, peut-être plus comme un simple carnet de pensées. Je suis en train d'y réfléchir, mais ça fait son chemin.
Le problème, c'est que maintenant, j'ai parfois des tas de choses à dire, et parfois pas du tout. Le petit carnet de pensées pourrait me permettre de développer peut-être en approfondissant un peu dans une photo du mois un sujet ou un autre.
Et surtout, une de mes plus grandes sources d'inspiration (après la Nature), sont vos réactions, ce que j'entends et observe autour de moi. Alors n'ayez pas peur de laisser un petit commentaire, une question supplémentaire, ou un élément de réponse auquel je n'aurais pas pensé. C'est vous, lecteurs, qui faites aussi la richesse de ce site, de par vos commentaires oraux, d'une valeur inestimable, mais vos commentaires écrits peuvent être partagés par tous, d'où leur avantage.
Voilà! Bonne lecture, et merci pour votre indulgence quant à la photo du mois d'août... :-)
Enregistrer un commentaire