26 juillet 2009

Une petite chose fragile...


Beautés fragiles

Photo faite le 19 septembre 2008


Avez-vous déjà observé avec patience l'araignée qui tisse sa toile? Elle construit son piège avec tant de perfection qu'elle rassemble à elle seule toutes les capacités d'un architecte et des meilleurs ouvriers. De la qualité du fil à la beauté de l'ensemble, la construction est d'une fragilité déconcertante, et résiste tout de même à des poids proportionnellement effarants. Jamais aucun humain n'a réussi à créer à son échelle pareil chef d'oeuvre.

On a toujours voulu imiter la nature; on a voulu voler comme les plus beaux oiseaux, on a voulu plonger comme les poissons, on a même rejoint la lune... Une des imitations qui me fait parfois réfléchir est celle du soleil: quand le jour s'éteint, arrive la lumière complètement artificielle de nos ampoules. C'en est devenu si répandu qu'on parle à présent de pollution lumineuse, une pollution qui nous empêche par exemple de voir une grande partie des constellations en pleine ville.

Entre la vie diurne et la vie nocturne, il y a tout un monde de différences. Une ville n'a pas le même visage de jour ou de nuit; les animaux nocturnes ne chasseront jamais pendant la journée, et inversément. Je me dis que cette même comparaison se retrouve à l'intérieur de chacun de nous. Bien sûr, nous avons tous un jardin secret, une "vie cachée", qu'on se l'avoue ou non. Mais ce n'est pas ici la comparaison que je perçois. L'image qui me vient, en pensant à la lumière du jour et à celle des ampoules, c'est l'image renvoyant à la personnalité-même de chacun de nous. Il y a à l'intérieur des gens un côté très lumineux, très naturel, avec des couleurs vives, un monde d'une richesse inouïe. Ce monde ne demande qu'à être exploré, c'est un univers ouvert, accueillant, chaud. Puis il y a une autre facette, plus sombre, plus artificielle, éclairée uniquement là où on veut bien y mettre de la lumière, fabriquée. Cet espace est beaucoup plus fermé, plus froid. C'est le monde de la perfidie, du venin. Les enfants vivent le jour, les monstres sortent la nuit...

Chaque personne porte en elle ces deux faces. La peur, les blessures surgissent alors quand le jour et la nuit se rencontrent. Mais lorsque deux personnes sont sur la même longueur d'onde, que ces personnes s'émerveillent des beautés de la nature, qu'elles prennent complètement conscience de l'extrême fragilité de l'équilibre dans lequel elles évoluent, alors elles oublient toute artificialité, elles sont profondément elles-mêmes. C'est à ce moment-là que ces deux personnes comprennent qu'elles n'arriveront jamais à faire quelque chose d'aussi admirable qu'une minuscule araignée, de la même manière que toutes les autres personnes les entourant n'arriveront jamais à collaborer toutes ensemble, aussi bien qu'une fourmilière.

La leçon d'humilité passée, on se rend alors compte, peut-être, que nous avons encore énormément à apprendre, à comprendre, à "inventer" ou plutôt à imiter. Mais pour arriver à cela, il est indispensable de quitter l'attitude d'arrogance et donc inévitablement d'ignorance qui nous empêchent de sortir de la nuit, et d'être éclairés plutôt que de tenter d'éclairer individuellement, et encore, de manière très maladroite...