Souvenirs...
Photo faite le 27 mars 2009
Comment vivre le présent, sans automatiquement penser au passé ou au futur? Certaines civilisations y arrivent, notre société les nomme "primitives"... Est-ce une si grande vertu, que d'avoir cette notion du passé ou du futur? Peut-être est-ce devenu une évidence à nos yeux, on pourrait même appeler cela une nécessité. Admettons. Je me pose alors la question suivante: que faire de ses souvenirs, quand on vit le présent? Que faire de ses projets, si l'on veut vivre pleinement ce présent? Parfois, on est comme bloqué, par peur. La peur ne peut venir que d'une expérience précédente, que l'on veut éviter de voir se reproduire. Peut-être pas uniquement. Pourquoi un sujet tel que la mort, par exemple, met si mal à l'aise la plupart des gens? La peur vient aussi de ce qui n'est pas connu.
Alors, si nous avons peur de notre passé, peur qu'il nous rattrape et que cette fameuse histoire insupportable recommence, et si nous avons peur de notre futur, que nous ne connaissons pas encore, dont nous doutons, comment vivre? Je vous le demande, comment faisons-nous pour vivre?! Nous sommes donc sans cesse tiraillés entre la peur du passé et celle du futur?
Heureusement, non. Ou du moins, pas tout le temps. Parfois, une occasion se présente où une personne en qui vous placez toute votre confiance vous permet de peut-être vous libérer de tous ces souvenirs qui jaillissent sans cesse dans votre esprit. Parfois, quelqu'un qui est "déjà passé par-là" vous raconte comment ça c'est passé pour lui. Tout à coup, l'inconnu si effroyable auparavant n'est plus si inconnu. Et parfois, le présent est tout simplement si beau qu'il n'est pas possible de ne pas apprécier, déguster ce moment, spontanément.
Il paraît qu'il suffit d'être attentif, et ces moments si délectables se présenteront plus souvent à nos yeux. Il paraît aussi qu'il suffit de donner, d'aimer.
J'ai intitulé cette photo du mois "Souvenirs...", pour une seule raison. Mes souvenirs se sont trop souvent transformés en blocages, en peurs, en mélancolie, si fidèle compagne de la tristesse... Ces souvenirs ont bien plus souvent apporté l'interrogation, l'incompréhension et la déception qu'ils n'ont apporté de réponses positives à une quelconque situation nouvelle. Et pourtant... Il faut continuer à avancer, savoir se libérer de ces boulets que l'on peut traîner derrière soi toute sa vie. On sait qu'il faut encore croire en l'avenir, ou plutôt en un avenir qui ne soit au moins pas pire que la situation présente. On sait qu'il faut se battre, résister à nos préjugés, et accepter notre histoire, telle qu'elle est.
N'empêche... Nombreux sont ceux d'entre nous qui pourraient confirmer à quel point c'est difficile. A quel point il est difficile de supporter le visage de celui qui nous a trahi. A quel point il est difficile de se relancer dans une relation après avoir été littéralement démoli... A quel point il est difficile de croire en cet avenir prometteur et promis, alors que le présent est si frustrant.
L'être humain a inventé le temps. Il a commencé ce jour-là à se questionner et à réfléchir sur sa propre existence. Depuis ce jour, il a commencé à inventer toutes sortes de sentiments qui n'existaient pas auparavant: la peur de l'avenir, de la mort, il a inventé aussi la culpabilité, la punition ou la récompense... Où s'est arrêté son flot d'inventions? L'amour, Dieu, l'homosexualité, l'argent, la xénophobie, tout ce qui peut faire partie d'un humain n'est en fait qu'une illusion? Une pure invention de l'Homme? Ne sont-ce pas là que des concepts, des idées? Ces idées ne sont donc pas réelles?
Un jour, l'Homme inventa la question. Et il espère, depuis ce jour, trouver des réponses au moyen du même outil que celui qui lui a permis de se poser la question... Il espère en plus trouver la réponse à l'endroit-même où est née la question...